Programmes de recherche
Recherche et conservation ex-situ
Les recherches scientifiques menées par l’ECWP sur l’état des populations d’outardes houbara (statut, distribution) ont, dans un premier temps, souligné la nécessité de sauvegarder en captivité la diversité génétique de l’espèce et de produire des surplus d’oiseaux sains afin de renforcer les populations sauvages en déclin. Le développement du projet a été construit, depuis 1998, sur l’application d’une stratégie de recherche cohérente visant à accroître les connaissances sur l’espèce.
L’ECWP conduit des recherches appliquées et fondamentales sur l’ensemble des domaines relatifs à la biologie de l’outarde houbara : génétique, biologie de la reproduction, écophysiologie, comportement, épidémiologie et recherche vétérinaire.
Recherche et conservation in-situ
Dès le lancement du projet, l’ECWP a initié des études approfondies de l’écologie des populations résiduelles d’outardes sauvages : étude des mouvements (domaines vitaux, migration saisonnière et dispersion des juvéniles), étude de l’utilisation des habitats par les différentes classes de la population (femelles, mâles et juvéniles), compréhension de leurs stratégies d’appariement et suivi interannuel du succès reproducteur. Depuis 1996, environ 600 outardes sauvages ont ainsi été suivies individuellement (radio pistage, satellite GPS et pistage GPS GSM), permettant d’identifier précisément les besoins de l’espèce.
L’acquisition de ces connaissances fondamentales a permis l’instauration et l’ajustement de mesures concrètes de protection et de restauration des populations naturelles, afin d’endiguer le déclin de l’espèce dans l’est marocain.
Recherche et écologie de la restauration
Pour qu’un programme de restauration soit considéré comme durable, il faut pouvoir évaluer sur la durée le succès des renforcements et leur impact éventuel sur les populations sauvages résiduelles et leurs habitats. Il faut donc identifier les facteurs clés affectant le succès du programme et en assurer un suivi continu.
Ainsi, afin de garantir une amélioration des techniques de lâcher et un ajustement de la stratégie de renforcement, l’ECWP assure un suivi minutieux de tout ou partie des oiseaux lâchés par des méthodes directes (radio pistage) et indirectes (marquage, capture-recapture) et mesure les indicateurs suivants : survie, dispersion et succès reproducteur.
Entre 1999 et 2003, la mesure de ces indicateurs, lors de lâchers expérimentaux, où 600 outardes ont été équipées d’émetteurs VHF, a permis d’orienter le choix des méthodes de lâcher, des saisons, des sites, etc. Aujourd’hui, plus de 3 600 outardes relâchées ont été suivies individuellement, révélant un taux de survie moyen de 62% un an après le lâcher et une survie annuelle moyenne de 76% après deux ans. Ces suivis sur le long terme ont également confirmé la capacité des oiseaux lâchés à se reproduire, contribuant de façon significative à la régénération naturelle de l’espèce avec environ 8 900 nids localisés au cours des 15 dernières années dans l’est marocain.
Études de l’habitat de l’outarde
Aujourd’hui, la sècheresse et les changements d’affectation des terres (agriculture, surpâturage) ont fragilisé l’habitat de l’outarde. Les facteurs écologiques déterminants dans la survie et l’élevage des oiseaux sont progressivement étudiés, en tenant compte des prévisions du changement climatique.
Ces enquêtes sur la flore et la faune (insectes, gazelles, chauve-souris, etc.) fournissent des données originales sur les écosystèmes, jusqu’ici peu étudiés. Ces informations originales sont analysées et cartographiées, et viennent alimenter une base de données particulièrement précieuse pour l’ECWP, mais aussi pour tous ceux qui s’intéressent à la biodiversité des écosystèmes de la région.